La caratera australe

Publié le par pebotiche

 

 

Pour avoir plus de liberté qu’avec le bus et finir tranquillement notre séjour au Chili, nous louons une dernière fois une voiture et pointons quelques points sur la carte pour envisager d’un parcours.

 

Première étape, la région des lacs et ses nombreux parcs nationaux. Nous décidons d’une première boucle de 4 jours autour de Puerto Montt et du lac Lanquihue. Après quelques courses et un point internet, nous nous dirigeons en fin d’après-midi vers le parc Arlece andino où nous installons dans un camping type aire sauvage notre tente. En bordure de rivière, plusieurs petits aménagements accueillent les quelques campeurs : sous des auvents de bois sont construits des tables et des bancs ainsi que des emplacements pour les feux de bois. C’est vraiment une aubaine vu la qualité de notre équipement, en plus, la pluie s’est installée sous forme de grosses averses plus ou moins longues. Et cela dure 4 jours plus tard. La toile de tente, les duvets et les vêtements sont largement bons pour contenir et supporter l’eau et l’humidité. Mais pour manger nous disposons du strict minimum : deux couteaux, quatre fourchettes, deux gobelets et du feu quand c’est possible. Aussi nous constituons petit à petit une petite cantine et cuisinons au feu de bois quand celui-ci peut être abrité ou qu’il ne pleut pas (ce qui était le cas jusqu’à présent depuis que nous campons). Aussi comme de vrais romanichèles nous récupérons tout ce qui peut nous servir : du bois sec ou à sécher, grosse boite de conserve pour faire la casserole, les plateaux des plats cuisinés comme assiettes… Nous pouvons manger chaud même s’il y a pas mal de lyophilisé. Quand même, une purée accompagnée d’une épaule d’agneau grillée au barbecue c’est quand même pas mal. Sans parler des tartines grillées le matin sur les braises de la vieille. Bref, un bon brin de vie rustique et à la débrouille mais dans cette splendide nature c’en est presque formidable. Promis quand on rentre à la maison on organise un stage vie sauvage… En tout cas les enfants sont plus heureux qu’à l’hôtel, nous aussi. Et les rencontres avec les chiliens n’en sont que plus belles et riches. Ici plus qu’ailleurs dans les autres pays traversés nous discutons et échangeons à tout moment. Qu’ils soient touristes ou locaux, un rien démarre une conversation avec les chiliens et parfois cela fait bifurquer notre itinéraire et nous réserve d’agréables surprises et moments de vie. Ainsi, le vendeur d’empanadas au passage du bac nous parle avec tant de passion du début de la caretera australe que nous y allons. Le soir venu, la dame chez qui nous plantons la tente nous propose sa salle de bain car ce n’est pas un camping. Ou encore Alan, le propriétaire du camping de Puelo qui nous amène un thermos d’eau chaude régulièrement dans la journée. Ce soir encore avec lui et deux autres touristes chiliens nous devrons manger ensemble autour du feu le produit de leur pêche. D’ailleurs, ici à Puelo, c’est un peu la cabane au fon du jardin. Dans un terrain qui ressemble à une belle prairie bordée d’un ruisseau, Alan a aménagé le camping comme si c’était en plein milieu de la nature. Sur un côté, campe un refuge en bois au milieu duquel trône le foyer pour le feu. Quand nous sommes arrivés, il n’y avait personne ; les campeurs étaient en excursion et Alan dormait (nous dit-il ensuite) mais la cabane nous ouvrait ses portes. Et dans l’éclaircie passagère, à l’intérieur, les quelques tables et bancs, les selles, les licols ou les filets de pêches attendaient tout simplement de nouveaux arrivants. On s’y est tout de suite bien sentis. Bon, la cabane est un peu aux quatre courants d’air mais la chaleur de son accueil et l’hospitalité des autres occupants nous permet de passer deux nuits agréables avant de reprendre la route. A partir de demain, le temps va en s’améliorant, normalement.

 

En attendant et malgré la pluie, la région est de toute beauté. Tout d’abord, la région de Puerto Montt est une sorte de région frontalière à l’intérieur du Chilie. Au sud de la ville démarre la Patagonie chilienne et ses fjords, sauvage et quasi inaccessible où les bateaux sont rois dans cette terre maritime. Sur terre, seule la caretera australe relie les villages entre eux. La route du sud n’est encore qu’une piste construite il y a environ 35 ans seulement. A plusieurs endroits, il faut quand même emprunter des bacs pour franchir certains fjords. Et malgré cela, la région la plus australe du Chili (Terre de feu et région de Puerto Natales) n’est pas reliée par la route au reste du pays. C’est le bateau ou le passage par l’Argentine. C’est à 30 km de Puerto Montt et à 42° de latitude sud (en Europe c’est le parallèle de l’Italie et de l’Espagne du sud) que la route 7 déploie le début de sa piste pour environ 1100 km d’une longue traversée dans un décor qui ressemble plus à la Normandie. Avec l’humidité ambiante du moment, on se croirait aussi dans l’atmosphère d’un conte nord européen tant la brume et les nuages enveloppent les paysages de leurs volutes. Nous décidons de faire une petite boucle jusqu’au passage du second bac à Hornipirén. La nationale 7 nous propose tout d’abord un passage en bord de mer. Le retour se fera plutôt dans les terres et atteindra Puelo dans le segment secondaire nord. Tout au long, ce ne sont que des grandes forêts aux arbres immenses qui recouvrent le basalte issu des coulées de laves des volcans voisins. Ici l’alerce est une essence rustique assimilée au cyprès qui peut atteindre plus de 40 mètres de hauteur et vivre presque 3000 ans. La route est bordée tout son long d’un fourré d’arbrisseaux composé de fuchsias à petites clochettes, d’hortensias aux corolles florales d’un bleu intense, des fougères qui tirent leur révérence jusqu’à terre et des framboisiers qui attendent un peu de soleil pour que mûrissent leurs fruits. La végétation déborde d’exubérance tant la région est pluvieuse. Contrairement aux Hautes-Alpes, ici il ne fait soleil que 60 jours par an, c’est dire l’extrême douceur du climat. Aussi, la campagne est envahie par les méandres des eaux : l’océan pénètre au plus profond possible de la cordillère par les fjords, les torrents, rivières et autres cascades évacuent celles des sommets, et régulièrement les eaux souterraines surgissent sous forme de thermes. Mais lorsque les rayons du soleil pénètrent les nuages alors la nature révèle une beauté démultipliée. Au milieu de ce camaïeu de verts, les hameaux et villages présentent leurs maisons de bois aux teintes colorées. C’est une double tradition d’une part venue des allemands qui ont principalement peuplés le sud chilien au 19ème siècle en apportant leur mode architecturale avec eux (d’où ce petit air de Bavière) ainsi que de la volonté de personnaliser chaque habitat. En bord de mer, les maisons sont également construites à moitié sur pilotis pour favoriser les embarcations des bateaux à marée haute. Chacune est bordée de glaïeuls et de frésias d’un rouge profond et possède son jardinet ou un terrain plus grand où paissent moutons ou vaches entre les pommiers. D’ailleurs, on prendrait bien une bolée de cidre en y pensant. Mais l’économie reste très tournée vers la mer et surtout l’élevage de saumon. De nombreuses piscicultures sont présentes sur les rivages alors que le saumon sauvage remonte encore les rivières alentours.

 

Voici donc l’ambiance de la Patagonie chilienne qui dans sa tourmente nous plait bien plus que celle argentine d’une platitude et sécheresse trop ennuyeuses.

 

A bientôt au gré de notre séjour chilien.

 

Les Ribell’patagons

Publié dans Chili

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C
Alors ça y est c'est le retour, eh bien profitez encore des derniers paysages.... et pour ici prenez les moumoutes, bonnets.... ça caille... On se voit ce week-end je crois?<br /> corinne and co
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