La Patagonie des Andes
Nous sommes repartis d’Ushuaïa vendredi 13 janvier, avec un passage de frontière encore plus mouvementé qu’à l’allée. En effet, au moment où nous entrions au Chili (uniquement en transit pour revenir ensuite en Argentine), le contrôle de la douane a trouvé dans les sacs de deux touristes un oignon et une boite d’œufs crus. Autant dire qu’à la vue de toutes les recommandations faites au préalable par les chauffeurs de bus et les douaniers, ces derniers n’ont pas laissé l’ombre d’une chance à ces oublis. Finalement, nos 3 heures d’attente ont paru bien légères au vue des amandes qui sont infligées pour « la tentative de passer en fraude des denrées alimentaires au Chili » : 300$ l’oignon c’est plutôt cher… Bref, nous arrivions à temps pour la correspondance en direction de El Calafate.
Le sud ouest de la Patagonie argentine et ses régions glaciaires nous accueillaient pour une semaine. Tout d’abord, El Calafate devait nous faire découvrir les lacs et ses fameux glaciers. Ceux-ci ont la double particularité d’être plus grands qu’une mégalopole telle Buenos Aires et de croître chaque jour d’environ de 2 mètres. Surtout, ils ne sont qu’une excroissance d’une immense calotte glaciaire qui recouvre la frontière argentino-chilienne dans la région. Bref, de la glace à perte de vue lorsqu’on arrive au pied de la cordillère des Andes. Il faut quand même une bonne heure de bus avant de percevoir les premiers ice-berg qui flottent sur les eaux du lac. Puis surgit au détour d’une colline le fameux glacier Perito Moreno. Il mesure plus de 15 km de long sur quasi 8 de large et ses ressacs sont d’un bleu saphir à couper éblouissants. Cette coloration naturelle est due au compactage très dense de la glace qui épaisse de plus de 70 mètres avance sur le lac tel un paquebot. La vue est très impressionnante, le bateau qui s’en approche semble bien frêle et le cheminement depuis les passerelles aménagées sur la rive opposée permet d’en apprécier toute l’ampleur. Un spectacle naturel magnifique ponctué des craquements du géant qui ne cesse de se distordre. Il faut dire que l’ensemble de ces glaciers sont des témoins directs et des vestiges du dernier âge glaciaire : on a du mal à imaginer la région couverte de glace mais c’était un autre temps.
Le temps d’un tango (de la savourer du regard seulement) et nous repartions pour le village de El Chalten à quelques 200 km plus loin, au pied de la cordillère, enchâssé dans une splendide vallée, la Mecque de l’andinisme. Nous y restons 5 jours, le temps d’apprécier une randonnée bivouac de 3 jours. Notre tour nous mène de nouveau au plus proche des glaciers et surtout des sommets épineux du Fitz Roy et du Cerro Torre. Chacun s’élève en épine, cherchant à percer la toile des nuages qui régulièrement les cachent ; ils bataillent contre les vents violents qui presque sans cesse soufflent à longueur de journée. Il fallait bien marcher trois jours pour qu’enfin la tourmente cesse cédant la place au soleil et à la chaleur. Dans un ciel tout dégagé, enfin nous vîmes les aiguilles majestueuses. On se croyait presque à la maison avec toutes ces hauteurs retrouvées mais l’appel du Pacifique se fit entendre.
Depuis 2 jours, nous sommes au Chili à Puerto Natales. A cause de l’incendie qui a ravagé une partie du fameux parque Torres del Paine, nous n’y organiserons pas de trekking. Heureusement, notre peine a été largement comblée par le merveilleux site de El Chalten. Et puis le temps n’est pas trop au rendez-vous : il y a beaucoup de vent et cela nous rappelle fortement le climat de Ushuaïa. Et deuxième lot de consolation, nous embarquons demain sur le bateau qui nous mènera à Puerto Montt. Au rendez-vous de la croisière, les fjords patagoniens chiliens, l’océan Pacifique et les rivages de Chiloé. Plongez-vous dans une nouvelle ou un roman de Francesco Coloane, vous y serez en même temps que nous, on se charge des photos.
A dans une semaine pour de prochaines nouvelles et à très bientôt en direct (le compte à rebours commence sous peu).
Les Ribell'austraux